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particulier de sa nièce ; car Mme Noblet était venue seule à Paris, ne se doutant guère, au moment où elle avait quitté Londres, que la mort de sa mère la déciderait à refuser de jamais y retourner.

Son mari avait cependant fait une tentative nouvelle pour la ramener à lui ; mais bien qu’il s’y fût pris avec douceur, bien qu’il se fût excusé d’avoir accompagné M. de Tiessant le jour où il avait forcé la porte de sa belle-sœur, bien qu’il lui eût proposé de venir demeurer à Paris, pensant que c’était peut-être la tristesse du séjour en Angleterre qui la poussait à se séparer de lui, il avait échoué. Éva avait opposé à toutes les offres de rapprochement une résolution irrévocable de rompre le lien qu’on lui avait imposé, et M. Noblet s’était retiré profondément humilié, prêt à suivre tous les conseils de son beau-père qui, lui non plus, ne demeurait pas inactif.

Pour M. de Tiessant, la conduite de sa fille n’était pas seulement une révolte inexcusable contre l’autorité conjugale et contre son autorité à lui, c’était aussi un acte blâmable et honteux au double point de vue moral et religieux.

De plus, il était certain qu’en rappelant, pour soutenir la demande en nullité de mariage de sa jeune cliente, l’âge qu’elle avait à cette époque, Me Mansart ne manquerait pas d’affirmer qu’il avait abusé de son inexpérience et de sa tendresse filiale pour la contraindre moralement à épouser un homme dont il était le débiteur. Pour donner encore plus de force