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mation de la malheureuse jeune femme son véritable sens, et, logiquement, de craindre, comme elle, que M. Noblet, excité à la jalousie par son beau-père, n’admît jamais que le sculpteur ne s’était trouvé là que par hasard.

Cela serait absurde, stupide ; personne, sauf les intéressés à le croire, n’y ajouterait foi, mais un semblable soupçon de la part du mari n’aurait pas moins des conséquences graves, s’il s’en faisait une arme pour repousser l’action en nullité de mariage intentée contre lui. Or il y avait lieu de supposer, le caractère de M. de Tiessant étant connu, qu’il ne manquerait pas de pousser son gendre dans cette voie. Il était donc urgent de tout raconter à M. Mansart et de prendre son avis.

C’est ce que fit le même jour Mme  Bertin, et lorsqu’elle revint rue d’Assas, elle dit à sa nièce :

— Dans tout ce qui s’est passé, mon vieil ami ne voit rien qui puisse te nuire, au contraire ; la conduite que ton père a tenue ici démontre de quels procédés violents il a toujours usé envers toi. Ce sera un argument dont il ne manquera pas de se servir dans sa plaidoirie. Quant à la présence de M. Ronçay chez moi, M. Mansart prouvera facilement, en invoquant le témoignage du concierge et de tous les gens de la maison, que mon voisin est rentré à Paris ce matin seulement, et qu’il ne t’avait jamais vue. Il était venu me rendre visite, ainsi qu’il a l’habitude de le faire, une ou deux fois par semaine, depuis plusieurs années. Reprends donc tout ton calme, arme-toi de