Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/524

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au cri d’alarme des gardiens, Calcraff et ses aides accoururent accompagnés du médecin de la prison.

Ce dernier n’eut qu’à jeter un coup d’œil rapide sur les victimes de cet accident étrange pour comprendre ce qui venait de se passer.

— Ils sont morts tous deux, dit-il à l’exécuteur des hautes-œuvres, qui tentait de rappeler le condamné à la vie, tués par un poison que j’ignore, mais qui les a frappés comme l’eût fait la foudre.

Villaréal avait tenu la promesse qu’il avait faite à la sœur d’Edgar : James ne devait pas monter sur l’échafaud.

En glissant entre les lèvres de celui qu’elle aimait une des perles empoisonnées que lui avait données le comte, miss Emma l’avait tué dans un baiser et elle était morte avec lui.

Pendant que les assistants se retiraient épouvantés et que le directeur consterné passait avec Calcraff et ses aides dans la cellule voisine où tremblait Cromfort et Welly qui, eux, ne pouvaient pas échapper au gibet, le chapelain de Newgate s’agenouillait auprès des deux corps et demandait au Dieu d’amour et de pardon de réunir auprès de lui les âmes de ceux qui n’avaient pas voulu vivre séparés sur la terre.


XV

OÙ STILSON ET BOB MANQUENT TOUS DEUX À LEURS SERMENTS.



Moins d’une heure après le drame inattendu dont Newgate avait été le théâtre, et alors que les cadavres des deux compagnons d’Australie étaient encore suspendus à la potence, sir Richard Mayne était mis au courant de la mort de James.

Aussitôt il ordonna une enquête sur cet événement qu’il ne pouvait s’expliquer, et il allait se rendre lui-même à la prison avec le shérif de la Cité, lorsqu’on lui annonça la visite du capitaine George.

Le jeune officier arrivait de chez M. Berney, où le corps de miss Emma avait été transporté, et il avait reçu du manufacturier au désespoir une lettre trouvée dans les vêtements de la pauvre jeune fille.

Cette lettre était à l’adresse du comte de Villaréal, ne se composait que de quelques lignes et renfermait un billet pour Edgar Berney.

George la tendit au chef de la police en lui disant :

— Veuillez prendre connaissance de ceci, sir Richard ; vous allez juger si mes pressentiments étaient justes.

La lettre de miss Emma à Villaréal était ainsi conçue :