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directement au ciel, un épais treillis de fer, qui fait de cet horrible passage une véritable cage.

De là le surnom qui lui a été donné.

Mais James ne vit rien de tout cela, son esprit était ailleurs. C’est à peine même s’il reconnut Cromfort et Welly, qui l’avaient précédé dans ce triste lieu.

Bientôt la porte qui faisait face à celle par laquelle il était sorti de Newgate s’ouvrit. Il gravit machinalement un escalier de quelques marches, et, lorsqu’il revint à lui, le frère de Mary s’aperçut seulement alors qu’il était en présence de ses juges, et qu’il avait pris place, lui, le brave et honnête ouvrier, sur le même banc d’infamie que Welly le faussaire et Cromfort l’assassin.

La foule était immense.

À ses murmures de mépris et d’indignation, James baissa la tête et ses couvrit le visage de ses deux mains.

Les débats commencèrent.

Combien de temps durèrent-ils ? Le malheureux, bien certainement, ne s’en rendit pas compte ; car la loi anglaise, ne permettant pas aux magistrats d’interroger directement les accusés, il demeura de longues heures dans un état de prostration complète qui le laissa indifférent à tout ce qui se passait autour de lui.

Il lui sembla bien à un certain moment que son nom revenait souvent au milieu d’un discours philosophique et social que prononçait un avocat, le sien ; mais il ne sortit véritablement de sa torpeur qu’à un triple cri de douleur qui s’échappa soudain des rangs de l’auditoire.

Il comprit aussitôt que sa mère, Mary et miss Emma avaient eu le courage d’assister à ces débats, et que, comme un voleur, il venait d’être condamné à mort.

Le sentiment de l’injustice dont il était victime rendit alors à James toute son énergie.

Pendant que Welly et Cromfort retombaient sur leur banc, affaissés et tremblants ; lui, il resta debout et protesta de son innocence d’une voix calme et vibrante qui causa la plus vive impression sur la cour.

Puis, après avoie envoyé à travers l’espace un baiser à ces êtres chéris qui ne l’avaient pas abandonné, il sortit d’un pas ferme et la tête haute, tandis que les deux misérables qui l’avaient perdu étaient entraînés par leurs gardiens.

C’est le lendemain de cette condamnation que miss Emma Berney s’était présentée chez sir Richard Mayne pour lui demander l’autorisation d’aller visiter James dans sa prison, avec madame Davis et Mary.

Le chef de la police s’était étonné d’abord que cette démarche fût faite