Page:René de Pont-Jest - Le Procès des Thugs.djvu/511

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

James était véritablement coupable, et qu’agir ainsi qu’il le faisait à l’égard de ce malheureux n’était de sa part que de la fermeté.

Pendant ce temps-là, James était au secret et se croyait abandonné de tous.

Sa mère, sa sœur et Tom sollicitèrent vainement la faveur de le voir un instant.

L’infortuné ne put conférer qu’avec son avocat d’office, qui sourit avec incrédulité, lorsque, sans phrases et en toute franchise, il lui raconta comme les choses s’étaient passées et ce qu’il savait des causes de son arrestation.

James surprit ce sourire et, à partir de ce moment-là, il ne chercha même plus à se défendre.

Il comprit qu’il était perdu, car on ne lui avait pas caché que M. Berney l’avait accablé dans ses dépositions, et que Cromfort et Welly s’étaient trouvés d’accord pour le désigner comme leur complice, en même temps par vengeance d’avoir échoué et dans l’espoir de gagner l’indulgence de la cour par ces révélations odieuses.

Miss Emma, cependant, avait frappé à toutes les portes et adressé requête sur requête au président de la cour criminelle pour être appelée en témoignage.

Son père s’était absolument opposé à son audition, en mettant en avant que toutes ces démarches de sa fille n’étaient que le fait de son amour ridicule pour un misérable indigne d’elle.

James, qui ne savait rien de toutes ces tentatives généreuses, s’était laissé envahir par le désespoir dans la sombre cellule de Newgate où il avait été transféré, et lorsque, moins de trois semaines après son arrestation, deux gardiens vinrent le chercher pour le conduire devant ses juges, il les suivit avec la docilité d’un enfant.

C’est à peine si l’infortuné se rendit compte de ce qui se passait, quand, après avoir parcouru un long couloir obscur, il se trouva en plein air, dans ce lugubre préau que les habitués de Newgate ont baptisé du singulier nom de Bird’s cage walk, promenade de la Cage-aux-Oiseaux.

C’est cette cour étroite qui met en communication la prison et la salle des assises, et elle est vraiment pour les malheureux ou les misérables qui la traversent comme un avant-coureur du sort qui les attend.

D’un côté Newgate, de l’autre le palais de justice, et pour réunir ces deux termes de la loi, deux grandes murailles noires de plus de dix mètres de hauteur, murailles couvertes d’initiales grossièrement creusées dans la pierre et qui rappellent que, sous les larges dalles de cette cour sinistre, sont enterrés les condamnés à mort.

Enfin, au-dessus de la tête, comme pour empêcher les regards de monter