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mètres plus loin que l’hôtel, dans une rue écartée et le long de la grille d’un de ces grands parcs si nombreux dans l’intérieur même de Londres.

— Pardonnez-moi, docteur, dit Yago, qui avait sauté à terre, de vous avoir amené de ce côté ; mais si vous voulez me suivre, nous allons néanmoins regagner l’hôtel.

— Par où vous voudrez, dit le médecin décidé à ne s’étonner de rien.

La voiture avait disparu et Yago longeait le mur du parc.

Le docteur le suivit.

Arrivés à une petite porte percée en pleine grille, le domestique s’arrêta ; et après s’être assuré que personne ne passait dans la rue, il glissa dans une serrure presque invisible une clef microscopique.

La porte s’ouvrit pour se refermer aussitôt derrière eux.

Le parc était ombragé de grands arbres ; la nuit y était extrêmement épaisse.

Cependant, on pouvait encore s’y diriger, et Harris, tout en suivant Yago, put se rendre compte de la topographie de ce terrain.

Selon son appréciation, il devait s’étendre, sinon jusqu’à l’hôtel du comte de Villaréal, du moins jusqu’à la rue qui en longeait les écuries.

Après avoir marché cinq minutes à peine, Yago ouvrit la porte d’une serre et tous deux y pénétrèrent.

Le mulâtre pria le docteur de lui donner la main, afin qu’il le conduisît à travers les caisses de fleurs, car les ténèbres étaient complètes autour d’eux, et ils arrivèrent ainsi aux premières marches d’un escalier qui menait sous le lieu où ils se trouvaient.

Une fois au milieu de cet escalier, Yago alluma une petite lanterne dont il était muni.

Ils purent alors marcher plus hardiment.

À l’une des extrémités de ce sous-sol était un immense calorifère destiné à chauffer toute la serre.

Le domestique, qui précédait toujours le docteur, ne s’arrêta qu’auprès de ce calorifère.

— C’est ici, lui dit-il, que M. le comte m’a chargé de vous faire ses excuses ; car, pour entrer à l’hôtel, nous allons prendre une route peu commode. Tenez, la voici.

Il avait ouvert la large bouche du poêle et il se préparait à y disparaître.

— Allez, dit Harris tranquillement, je vous suis.

Et, imitant Yago, il courba la tête et se glissa par l’ouverture dont, à la prière du mulâtre, il tira ensuite la porte derrière lui.

Il s’aperçut alors, à la lumière de la lampe, que ce calorifère avait une