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— Deux mille cinq cents livres, avec lesquelles il veut s’éloigner de Londres pour n’y plus revenir.

— Que lui avez-vous répondu ?

— Que je chercherais à me procurer cet argent.

— C’est inutile de chercher, je l’ai à votre disposition.

— Vrai, bien vrai ?

Dans sa joie elle jeta ses deux bras autour du cou de Villaréal et le remercia par un baiser.

Il se dégagea doucement de cette charmante étreinte en lui disant :

— Seulement, je désire que vous ne retourniez plus dans Star lane. Lorsque le moment sera venu, je vous préviendrai, et vous ferez venir Thompson chez vous avec votre mère.

— Je n’y mettrai plus les pieds, je vous le promets.

— N’oubliez pas non plus que vous recevez ce soir vos amis, Edgar, Maury et les autres.

— Vous y tenez ?

— Beaucoup. Je tiens aussi à ce que vous gardiez le plus tard possible, et les derniers, Charles et Gérard Maury.

— Allons ! il faut toujours vous obéir. Si au moins cela pouvait me faire aimer un peu !

— On ne saurait vous aimer un peu, Saphir, il faudrait vous aimer trop.

Et, après avoir baisé galamment la main de la jeune femme, dont les regards noyés et les soupirs demandaient davantage, le comte descendit lentement l’escalier en murmurant :

— Étrange destinée que la mienne ; bizarreries des choses humaines ! Mon esprit s’ingénie au mal, et, comme par une ironie amère, c’est toujours l’occasion de faire le bien qui s’offre à moi !


V

LE COMTE DE VILLARÉAL.



Cinq ou six mois avant le terrible malheur arrivé à Mary et les scènes que nous avons racontées, un grand et bel hôtel de Bedford-square, inhabité depuis longtemps, s’était ouvert pour de nouveaux locataires.

Il avait été loué par l’intermédiaire d’un interprète ; dans le quartier on savait seulement le nom de ceux qui l’occupaient, car ils vivaient extrê-