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lant précipitamment dans l’intérieur de la pièce et en soulevant un des coins du rideau pour s’assurer qu’elle ne s’était pas trompée. Lui-même !

— Le comte, quoi ! quel comte ? demanda Bob, qui avait entendu et à qui le geste d’étonnement de la jeune fille n’avait pas échappé.

Il avait ouvert la porte pour voir celui que Saphir appelait ainsi, mais il avait eu à peine le temps de reconnaître les deux nouveaux amis de Welly, qui s’étaient immédiatement dirigés vers la porte de sortie.

Il se retourna tout préoccupé vers la jeune fille pour l’interroger de nouveau ; celle-ci ne lui en laissa pas le temps.

— Vous me promettez, lui dit-elle, de me laisser emmener la mère, si je vous donne vos deux mille cinq cents livres ?

— Parole d’honneur ! quoiqu’au fond ça me fera de la peine de m’en séparer.

— Vous les aurez demain soir, foi de Saphir !

— Eh bien, vrai, ça me fera plaisir, car décidément je crois qu’il ne fait pas bon ici pour moi. La maison me paraît devenir un joli atelier de cordes de pendus et je suis pressé de mettre la clef sous la porte. Attends au moins que je te reconduise !

Ces derniers mots s’adressaient à la jeune fille qui, après avoir couvert de baisers le front et les mains de sa mère, se préparait à sortir.

— Oh ! c’est inutile, dit-elle ; ma voiture est à deux pas.

Et ouvrant elle-même la porte qui se referma derrière elle, Saphir s’élança dans la rue pendant que maître Bob se frottait les mains avec joie en murmurant :

— Nous verrons bien, mes bons amis de Sydney, qui de nous fera la première grimace à l’honnête M. Calcraff ! Dans quarante-huit heures, je l’espère bien, il n’y aura plus ici ni Bob, ni Thompson. Gare à sir Richard Mayne !


IV

MADEMOISELLE SAPHIR.



En quittant la manufacture, James et Tom, celui-ci emboîtant docilement le pas à son ami, se dirigèrent vers White-Chapel. Pendant plus de vingt minutes, ils marchèrent ainsi sans échanger une parole.

L’amoureux de Mary désirait cependant savoir ce qui s’était passé dans le pavillon et pourquoi James avait eu une discussion avec le fils de M. Berney.