racontaient qu’avant qu’ils aient pu se rendre compte de ce qui leur arrivait, ils avaient senti une pression subite et violente autour du cou, et que, lorsqu’ils étaient revenus à eux, volés de leurs bijoux et de leur argent, les malfaiteurs étaient déjà loin.
L’habile chef de la police métropolitaine avait eu beau doubler ses escouades, créer un nouveau service de sûreté, exciter par tous les moyens le zèle de ses agents, les arrestations n’en avaient pas moins continué.
Londres tout entier était plongé dans une véritable terreur.
On comprend donc qu’à partir de certaines heures, bien des rues étaient désertes, surtout dans ces quartiers de , de White-Chapel, de Seven Dials et de High-Holborn, habités seulement par les ouvriers, la lie du peuple et les Irlandais.
Cependant, c’est dans un de ces districts les plus mal famés que nous allons conduire nos lecteurs, en suivant un certain nombre de ceux des ouvriers qui après avoir assisté au meeting, n’avaient pas songé, ainsi que James et Tom, à rentrer tranquillement chez eux.
Au milieu de Clerkenwell, à quelques pas de Goswell street et de North square, est un pâté de maisons séparées les unes des autres par des ruelles, des cours, des passages, qui forment le plus inextricable des labyrinthes, même en plein jour.
Lorsque vient le soir, les policemen eux-mêmes se soucient peu d’y pénétrer.
On n’y voit guère circuler que des êtres sinistres, se glissant comme des ombres le long des murailles humides.
C’est là surtout qu’habitent les Irlandais misérables, dont auraient tout à craindre ceux qui se hasarderaient dans ces repaires.
Ce coin de Londres peut lutter de laideur avec les lieux les plus redoutables des bas quartiers de la Tamise.
La misère et le vice, trop souvent compagnons inséparables dans tous les pays, y ont trouvé un refuge dont la description la plus énergique donnerait à peine une idée.
C’est un amas, un pêle-mêle de cabarets, de tavernes et d’hôtels garnis sordides, où, pour quelques sous, viennent chercher un abri les voleurs dont la journée a été mauvaise, les ouvriers sans travail et les malfaiteurs qui, ayant quelque bon coup à préparer, savent qu’ils trouveront là les complices dont ils peuvent avoir besoin.
Toutes ces maisons sont à peu près les mêmes ; la teinte uniforme de charbon sous laquelle ont disparu depuis longtemps leurs murs de briques les rend encore plus difficile à distinguer les unes des autres.
Il ne faut rien moins que des lanternes de couleur pour désigner chacune