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LE PROCÈS
DES THUGS

TROISIÈME PARTIE
L’HÉRITAGE DE SATAN

LE VENGEUR

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I

LE ROMAN DE MARY.



Par une de ces soirées humides et glaciales, dont Londres a le triste privilège pendant au moins la moitié de l’année, quatre hommes, qu’à leurs vêtements on reconnaissait pour des ouvriers, descendaient en courant la rue de Middlesex, et tournant à gauche, prenaient la grande voie de White-Chapel.

Ils avaient évidemment fait une longue course, car ils étaient essoufflés, et les quelques mots qu’ils échangeaient à demi-voix indiquaient qu’il venaient d’assister à l’une de ces réunions populaires, à l’un de ces meetings, que la misère des basses classes provoquait fréquemment.

Depuis quelque temps, en effet, toutes les infortunes semblaient se grouper pour augmenter le malaise des travailleurs, malaise qu’on disait avoir pris naissance dans la crise cotonnière, mais qui tenait bien certainement à une foule d’autres causes plus mystérieuses, moins définies.

Il n’était question que de soulèvements, de tentatives d’émeute, de grèves et de révoltes dans les grands centres manufacturiers.