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des serviteurs militaires de la maison du capitaine George Wesley, l’aide de camp de sir William.

— Eh bien ! lui dit la fille de sir Arthur, dès que la porte de sa chambre fut refermée derrière lui, as-tu réussi ?

— Voici, miss, ce que Sabee m’a demandé. Je n’ai pas pu venir plus vite, car pour m’emparer de ce que vous désiriez, j’ai dû attendre le départ du capitaine.

— Donne, donne vite !

Elle saisit le papier que lui présentait l’Hindou, le déplia et lut avidement les quelques lignes qui y étaient tracées.

Il fallait que cet écrit fût pour elle d’une importance extrême, car au fur et à mesure qu’elle en prenait connaissance, ses traits reflétaient la satisfaction la plus vive.

Voici ce que disait cette pièce que Roumee avait dérobée à son chef :


« Ordre au commandant de la forteresse de Golconde et aux officiers chefs des postes de garde, de laisser librement et à toute heure pénétrer dans le fort et communiquer avec les prisonniers le capitaine George Wesley, aide de camp du gouverneur.

« Signé : Lord William Dudley. »


— Merci ! dit vivement miss Ada à Roumee lorsqu’elle eut terminé sa lecture, mais ce n’est pas tout. Quel est le régiment de garde aujourd’hui ? Comment se nomment les officiers ? Quant au commandant de la prison, il doit être au bal du Gouvernement.

Au moment de l’exécution de son projet insensé, miss Ada songeait seulement aux difficultés presque insurmontables qu’elle voyait se dresser devant elle.

— Rassurez-vous, miss, répondit Roumee. La garde est montée cette nuit dans la forteresse par une compagnie du 2e régiment, arrivée de Ceylan depuis quelques jours à peine. Aucun d’eux ne connaît encore le capitaine George.

— Bien.

— Du reste, il est probable que l’officier sera endormi, et que le sous-officier de veille, pour ne pas déranger son chef, prendra sur lui de laisser passer le porteur de ce permis.

— Peut-être, mais le guichetier ?

— Oh ! miss, ne vous inquiétez pas de lui. Je fais, moi, mon affaire du gros Stilson. Nous sommes de vieilles connaissances. Vingt fois j’ai accompagné le capitaine à la prison, et j’ai pris avec moi de quoi le rendre sourd, muet et aveugle.