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elle assistait aux meurtres, et elle m’a même avoué qu’elle avait une fois étranglé elle-même un homme qui allait échapper à son mari.

« Son mari l’a tuée au moment où j’allais l’arrêter. »

« Vous le voyez, messieurs, du sang, du sang, toujours du sang ! Ne faut-il pas qu’à son tour la justice lave aussi par le sang toutes ces taches infâmes ?

« Le pays, que dis-je ! l’univers entier, qui suit ces débats avec épouvante, attend votre arrêt. »

À ces derniers mots de l’attorney général, des applaudissements unanimes éclatèrent, et la séance fut levée par le président au milieu d’une agitation impossible à décrire.

Le jugement devait être rendu le lendemain, car les défenseurs, choisis pour la forme, reconnaissaient leur tâche impossible, sauf l’avocat de Feringhea, qui avait eu de longs entretiens avec lord Bentick et qui espérait sauver le terrible chef.

Quelques instants après la fin de l’audience, lorsque les accusés traversèrent la place du gouvernement pour retourner au fort Saint-Georges, ils faillirent devenir la proie de la fureur populaire, malgré les cinq cents soldats qui les escortaient.

On ne parvint à calmer un peu la foule qu’en apprenant qu’à Jaggernaut et à Ellora, pendant les fêtes religieuses du Churruck pooja (ou tournoiement), plus de deux mille Étrangleurs avaient été arrêtés. La joie fut si grande à cette nouvelle que le peuple se contenta d’accompagner les accusés de ses huées et de ses malédictions.


XXIX

LES CONDAMNATIONS.



Le lendemain, au point du jour, les scènes tumultueuses de la veille recommencèrent sur la place, où la plus grande partie de la foule avait d’ailleurs campé toute la nuit.

Le dénouement de cet épouvantable drame, qui avait duré plusieurs semaines, était proche, et chacun voulait y assister.

Ce fut une scène indescriptible lorsque les gardes ouvrirent les portes du palais, la journée allait se passer en luttes incessantes entre la troupe et le peuple.

Malgré ce bruit, ces cris, ces rixes et ces vociférations, la cour n’entra