« Le docteur sortit avec sir Melvil qui voulait reconduire lui-même le sauveur de sa fille et auquel il avait, du reste, quelques dernières recommandations à faire.
« Lady Melvil et Soulami étaient seuls avec l’enfant.
« La mère et le serviteur semblaient goûter la même joie.
« On n’aurait pu dire qui était le plus heureux ou de cette jeune femme qui sentait la vie se renouveler en elle au fur et à mesure que le danger s’éloignait de sa fille, ou de cet homme au masque impassible qui avait témoigné un aussi grand dévouement.
« Quant à l’enfant, ses grands yeux cerclés par la maladie s’étaient ouverts brillants et limpides, et ils allaient avec des regards pleins de tendresse de sa mère à son ami. Sa bouche souriait, ses lèvres se rosaient en bégayant de ces mots charmants, doux comme une prière, qui sont de toutes les langues.
« Ses bras amaigris se tendaient vers ceux qu’elle aimait : de ses petites mains diaphanes elle leur envoyait des baisers.
« Puis c’étaient des caresses et des joies ineffables, au milieu desquelles Ada s’endormit de nouveau, mais d’un sommeil calme, cette fois, et rempli de promesses pour les jours suivants.
« Le lendemain, en effet, l’enfant était infiniment mieux, et de jour en jour elle marcha rapidement vers la convalescence. Bientôt lord Melvil put s’absenter de temps en temps pour venir jusqu’ici remplir ses fonctions.
« Il laissait sa fille sous bonne garde : sa mère et Soulami.
« Un soir, ce dernier proposa à lady Melvil de promener un peu la jeune convalescente dans le parc.
« À cette idée, l’enfant poussa un cri de bonheur, et l’Hindou, la soulevant doucement, la tendit à sa mère, qui l’enveloppa dans un cachemire léger, puis la coucha dans ses bras.
« Ils descendirent.
« Ada indiquait où elle voulait aller. Là étaient ses oiseaux favoris, qui semblaient l’appeler de leurs battements d’ailes ; plus loin ses fleurs aimées, qu’elle voulait revoir.
« Soulami obéissait aux moindres ordres de l’enfant et la portait de fleurs en fleurs, de nids en nids, comme si elle dût y prendre exemple de jeunesse et de santé.
« La mère suivait l’Hindou et bénissait Dieu.
« — Rentrons, dit-elle au moment où Soulami s’était arrêté avec son précieux fardeau sur le haut des marches d’un kiosque d’où l’on découvrait tout le jardin.
« Mais l’enfant tendit ses petites mains.