« Quelques instants après, nous nous mettions en marche.
« Nahouâ était montée dans le premier palanquin, à côté du Sahib.
« Je suivais le second, dans lequel on avait mis mon père.
« Une heure après, nous arrivâmes à la demeure du chef cipaye.
« À peine y étions-nous, que ce dernier vint à moi, tandis qu’on transportait mon père dans une des salles du rez-de-chaussée.
« — Es-tu reconnaissant ? me demanda-t-il.
« — Sahib, repris-je, ordonnez-moi de mourir et à l’instant je me frappe de votre poignard.
« — Ainsi, si je te gardais avec ton père auprès de moi, tu veillerais sur Nahouâ pendant mon absence et tu la défendrais au besoin.
« — Il faudrait qu’on nous tuât tous les deux avant de toucher à un seul des cheveux de notre bienfaitrice.
« — C’est bien, je vous garde.
« Dès ce jour, notre vie lui appartenait et nous eussions tout fait pour le Sahib et pour sa femme. Hélas ! que peuvent le courage et le dévouement contre les sectateurs de Kâly, la déesse sanglante. Ah ! ma pauvre maîtresse ! »
Et Schiba fondit en larmes.