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quille. Les conducteurs d’omnibus l’ignoraient et il n’y passait pas dix voitures par jour.

Dès neuf heures du soir, le silence y régnait si complètement qu’on aurait pu s’y croire dans la ville du Grand Roi, avant que les salons de Louvois fussent devenus les cabarets des citoyens représentants du 4 Septembre.

On entrait au no 13 par une petite porte bâtarde donnant sur un couloir étroit et assez obscur, où on rencontrait, immédiatement à droite, la loge du concierge, loge d’une propreté irréprochable et éclairée par l’unique fenêtre du rez-de-chaussée qui ouvrît sur la rue.

C’est là que, depuis plus de vingt ans, deux braves gens, les époux Bernier, veillaient sur les destinées de leur royaume. Le mari, vieux soldat tout rhumatisant, n’était plus fort ingambe, mais sa femme, quoiqu’elle approchât de la soixantaine, avait encore bon pied, bon œil. Aussi sa maison était-elle véritablement tenue d’une façon parfaite.

Il est vrai que Mme Bernier n’avait que quatre locataires et qu’ils étaient des locataires modèles.

Au premier, demeurait le capitaine Martin, qui avait perdu un bras et gagné sa croix en même temps que sa retraite à Sébastopol.