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n’acceptant ni conseils ni observations, d’autant plus jaloux de son autorité qu’il n’en jouissait que depuis peu. C’était un de ces pessimistes qui ne voient partout que des coupables.

Il s’était si complètement identifié à ses fonctions que même chez lui, en famille, il affectait un parler sévère, des regards interrogateurs.

Il suffisait d’entrer dans son cabinet, à quelque titre que ce fût, pour qu’il vous crût sa chose, son jouet. Fort bien élevé et d’une grande distinction, il devenait souvent presque grossier, grâce à la façon dont il dévisageait et interrogeait les gens les plus inoffensifs.

Ses amis les plus intimes avaient cessé d’aller le voir au Palais, car dès qu’il était dans l’exercice de ses redoutables fonctions, il était rare qu’il offrit un siége, qu’il rendit un salut. Son greffier ne l’avait jamais vu sourire.

Il allait même si loin que parfois on le lui avait fait durement sentir. De fort honnêtes gens venus pour lui donner des renseignements avaient mal pris ses manières hautaines et, moins patients que d’autres, avaient répondu à ses insolences en lui tournant le dos, après lui avoir dit qu’ils s’étaient dérangés de leurs affaires pour éclairer la justice et non pour être malmenés comme des criminels.

Une de ces scènes pénibles ayant causé une