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la journée, pour le cas où monsieur le docteur aurait besoin de l’examiner de nouveau, et le soir, on le met dans un des couvre-corps jusqu’au permis d’inhumer.

— À quelle heure prenez-vous votre service demain ?

— À l’heure à laquelle je l’ai quitté aujourd’hui, à huit heures.

— C’est vous alors qui transporterez le cadavre de la table à la salle des couvre-corps ?

— Oui, monsieur, à moins que Louis… c’est mon camarade ; moi, je m’appelle Gabriel… à moins que Louis n’en ait reçu l’ordre de M. le greffier avant mon arrivée.

À ce prénom doux et poétique que portait cet homme qui gardait les victimes du suicide ou de l’assassinat, William Dow, malgré toute sa volonté, n’avait pu réprimer un mouvement de surprise ; ce fut un éclair. Le misérable, qui l’écoutait avec une espèce d’angoisse, ne s’en aperçut même pas.

— Eh bien ! Gabriel, reprit l’Américain, si demain soir, en arrivant à la Morgue, vous ne trouvez plus le cadavre sur la table, il faudra aller le chercher ; si vous l’y trouvez, au contraire, il faudra l’y laisser.

— Pourquoi donc ?