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Cette arrière-boutique était une petite salle meublée d’une demi-douzaine de tables autour desquelles venaient prendre place, à l’heure des repas, les ouvriers du quartier.

Le soir, elle était presque toujours inoccupée, surtout après neuf heures, ses habitués ordinaires étant gens qui, se levant de grand matin, ne veillaient pas.

Les deux fenêtres qui l’éclairaient ouvraient sur la rue Vandrezanne.

En collant ses yeux à l’une d’elles, Picot aperçut l’Américain qui s’approchait d’un individu dont il ne pouvait voir le visage, car il lui tournait le dos, mais qui s’était hâté, à l’arrivée de William Dow, d’ôter sa pipe de sa bouche.

L’agent aurait bien voulu entendre la conversation de ces deux hommes, mais il eût fallu pour cela qu’il entrât dans le cabaret. Or, il n’y pouvait songer, d’abord parce que c’eût été fournir à celui qu’il filait l’occasion de le dévisager et par conséquent de le reconnaître un jour ou l’autre ; ensuite parce que, bien certainement, les deux interlocuteurs n’auraient pas manqué, à l’entrée d’un nouveau venu, de parler bas ou même de sortir.

L’émissaire de M. Meslin se résigna donc à attendre, quitte à agir selon les circonstances et