Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était libre d’aller embrasser sa femme et ses enfants, pourvu que le jour suivant, il revint ponctuellement auprès de ses morts.

Quelles pensées pouvaient traverser le cerveau de ce misérable ? Peut-être aucune, heureusement ! Son gros trousseau de clefs à la main, il allait comme un automate, ne répondant que par monosyllabes.

Il y avait en lui du geôlier et du fossoyeur, moins la brutalité du premier et la sinistre gaieté du second, car à la Morgue, on n’y pourrait rudoyer aucun être vivant et le greffier n’y supporterait certes pas les murmures d’un refrain, en admettant le cas improbable qu’il en montât jamais un aux lèvres de ses subalternes.

Une fois en dehors de son bureau, le greffier fit un signe, et, après avoir ouvert une porte située à l’extrémité d’un petit couloir, le gardien s’effaça pour laisser passer son chef et l’étranger.

William Dow comprit qu’il se trouvait dans la salle d’autopsie. C’était une pièce dallée et voûtée. Elle était éclairée par deux larges demi-fenêtres, à six pieds du sol.

On eût dit une grande cellule de quelque prison, sans les deux étranges tables qui en occupaient les côtés.