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cacher, car j’avais à peu près terminé l’enquête dont j’étais chargé, lorsque j’entendis un soir pousser des soupirs dans la chambre à côté de la mienne. En prêtant attentivement l’oreille, je saisis certaines paroles qui étaient bien de nature à piquer ma curiosité : « Oui ! je veux la voir, lui pardonner, la serrer dans mes bras ! » disait mon voisin. Et il pleurait.

« Le lendemain et les jours suivants, les mêmes plaintes étant venues de nouveau jusqu’à moi, je voulus connaître celui qui me faisait involontairement le confident de ses infortunes, infortunes conjugales, je le supposais. M’étant informé auprès de l’un des garçons de l’hôtel, je sus que le voyageur qui demeurait près de mon appartement s’appelait M. Desrochers et était arrivé depuis quelques jours. Nous étions alors vers le milieu du mois de février. J’appris, de plus, que cet homme sortait peu, ne parlait jamais à personne et semblait triste et préoccupé.

« Mes instincts de policier m’indiquèrent de suite que j’étais sur les traces de quelque drame de famille, et quand j’eus rencontré deux ou trois fois M. Desrochers, j’acquis la conviction qu’il songeait à quelque projet étrange. Ma chambre à coucher était séparée de la sienne par une porte condamnée dont les joints avaient été re-