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Se redressant alors par un suprême effort de volonté, Mlle Rumigny jeta sur l’assistance un regard furtif. On eût dit qu’elle cherchait quelqu’un au milieu des rangs pressés de la foule, où se tenait à demi caché M. Adolphe Morin.

Le silence s’étant fait enfin, l’honorable président des assises se tourna vers Me Lachaud, et il allait lui donner la parole pour présenter la défense de sa cliente, lorsque l’avocat général dit en se levant :

— Monsieur le président, je vous demande la permission d’ajouter quelques mots à mon réquisitoire avant que mon éloquent adversaire se fasse entendre.

— M. l’avocat général a la parole, fit M. de Belval en adressant un geste d’excuse à Me Lachaud.

L’auditoire, comme s’il pressentait un incident nouveau, devint plus attentif que jamais.

Mlle Rumigny avait relevé la tête. N’était-ce donc pas assez tout ce qu’elle avait déjà souffert ?

— Messieurs de la cour, messieurs les jurés, dit l’organe du ministère public, lorsque, devant vous, il y a une heure, j’ai soutenu l’accusation qui pèse sur la femme que vous avez à juger, j’ai parlé selon ma conscience et mes convictions ; j’ai rempli mon devoir avec impartialité, mais