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guerite dans les bras de Balterini, en avait fait l’instrument docile de sa vengeance et de sa haine.

Les pessimistes n’allaient pas jusqu’à affirmer que Mlle Rumigny avait comploté avec son amant l’assassinat de son père, mais ils disaient qu’entraînée par un enchaînement fatal, elle avait cédé aux obsessions de celui qu’elle aimait, pour provoquer, entre ces deux hommes qui se haïssaient, une rencontre qui devait être funeste pour le vieillard.

Ce qui plaidait contre elle, c’était ce mutisme obstiné qu’elle gardait à l’égard de ce qu’était devenu Balterini. On n’admettait pas qu’elle l’ignorât. L’interruption même de cette correspondance, qui avait été pendant longtemps si régulière, était pour ces raisonneurs une preuve de plus de la complicité de la jeune femme.

Si le musicien avait cessé sa correspondance si brusquement, c’est qu’il savait ce qui était arrivé depuis son départ ; c’est qu’après son crime il avait été informé de ce qui s’était passé, et que le silence avait été tout naturellement son premier souci.

S’il ne se présentait pas pour protester de l’innocence de sa maîtresse, c’est qu’il était coupable lui-même et ne voulait pas se livrer, dans