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aussi rapidement que le public le désirait, dans son impatience d’entendre l’éloquent et sympatique avocat chargé de défendre Marguerite Rumigny.

On se demandait ce que l’éminent maître allait pouvoir dire, quels arguments il invoquerait contre ces charges accablantes que le ministère public avait groupées avec une si grande habileté, comment il arriverait à renverser cet échafaudage des preuves terribles de la complicité de Mlle Rumigny dans l’assassinat de son père.

Accueillie d’abord avec incrédulité par une partie du public, l’accusation, grâce au talent de l’avocat général, avait bientôt paru moins problématique. À la fin du réquisitoire, elle gagna la plupart des hésitants, et, lorsque l’organe du ministère public eut prononcé sa terrible péroraison, l’accusée n’avait que bien peu de partisans dans l’auditoire.

Tout en hésitant encore à admettre que cette jeune femme bien élevée, à la physionomie si douce, au passé sans reproches jusqu’au moment de sa faute, faute d’amour ! se fût rendue coupable de l’épouvantable forfait qui l’amenait en cour d’assises, mais jugeant moins avec leurs cœurs et plus avec les faits, certains expliquaient tout par cette passion, qui, après avoir jeté Mar-