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meurtrier couvert de sang ! Et ce meurtrier est celui de son père !

« Cela est tellement horrible que, si les faits ne s’enchaînaient pas avec une implacable logique, nous ne voudrions pas le croire. Hélas ! comment douter, je ne parle pas du crime de Balterini, il est démontré jusqu’à l’évidence et je n’ai pas à m’en occuper, mais de la complicité de Marguerite Rumigny ? Elle cache l’assassin chez elle avant le crime, elle y attire son père ; le forfait accompli, elle donne asile au meurtrier, facilite sa fuite, comme elle a facilité son attentat, puis elle refuse de parler. La douleur, le remords ne font pas cesser son mutisme ; elle veut, avant tout, sauver son amant, espérant sans doute que votre verdict ne l’atteindra pas et qu’elle pourra le rejoindre.

« Ce n’est pas tout encore, messieurs, car ce dont l’acte d’accusation parle à peine, je n’ai pas, moi, droit de le taire. Que fait la malheureuse lorsqu’elle voit la main de la justice s’étendre vers elle ? Elle veut mourir, non pas mourir seule, mais avec son enfant. Elle ne veut pas paraître devant la justice divine chargée d’un seul crime ; il lui faut être infanticide après avoir été parricide. Vous savez comment le hasard seul a empêché Marguerite Rumigny de commettre ce second