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ment, telles qu’elles sont, et aussi à des auditeurs qui se révoltent instinctivement contre l’influence que peut avoir l’éloquence sur leurs esprits.

Avec Me Lachaud, pas d’analyses subtiles, pas de pièges, des faits, rien que des faits, des déductions mathématiques et des preuves palpables.

Et comme il sait émouvoir ensuite, quand, après s’être adressé à la raison, il s’adresse au cœur des jurés ! Quels accents irrésistibles ! Comme il sait abandonner celui de ses juges qu’il voit persuadé, pour lutter contre cet autre dont il devine l’indécision.

C’est tout particulièrement dans cette circonstance que ce regard étrange qu’il possède devient pour lui une arme puissante. Cet œil fixe, immobile, semble une épée toujours droit au corps de son adversaire, pendant que, de l’autre, il surveille et maintient ceux qu’il a déjà vaincus. On dirait un de ces vaillants duellistes du dernier siècle qui s’escrimaient à la fois de la dague et de l’épée.

Mais que Me Lachaud ait à défendre tout autre qu’un criminel ; qu’il plaide devant les tribunaux civils ou la police correctionnelle, comme il s’élève alors au niveau des grands orateurs, comme il donne une libre carrière à son esprit charmant, comme ses lèvres ont des sourires ironiques,