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Informé par le directeur de Saint-Lazare que la prévenue était en état de répondre à la justice, M. de Fourmel, par humanité, attendit encore quelque temps ; puis un jour, au lieu de la faire amener à son cabinet, il vint la trouver dans sa cellule.

Il était seul, ce qui n’était pas légal, car tout interrogatoire doit être fait en présence d’un greffier, afin que les moindres réponses du prisonnier soient consignées dans un procès-verbal.

En voulant que les choses se passent ainsi, le législateur, nous le pensons du moins, n’a pas eu pour seul but de mettre le prévenu dans l’impossibilité de nier le lendemain ce qu’il a dit la veille : il a été plus loin encore : il a voulu défendre le prévenu lui-même.

On conçoit, en effet, qu’entre les mains d’un magistrat habile qui l’interroge dans la solitude de sa cellule, le prisonnier s’abandonne aisément. Le ton avec lequel on lui parle peut lui faire oublier qu’il répond au représentant de la loi ; les promesses peuvent le séduire, le tour de la conversation l’entraîner à des explications que le juge est libre de prendre pour des aveux.

La loi, plus digne, ne veut ni de cette lutte ni de ces pièges. En Angleterre, on va plus loin encore : l’accusé ne doit pas même être interrogé.