Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur la tombe de sa fille, lorsqu’elle sera mise en liberté. Personne ne désire plus vivement que moi la manifestation de son innocence et son retour à la santé.

L’un des vœux de cet ami si dévoué devait s’exaucer plus rapidement qu’on ne l’espérait. La jeunesse eut enfin raison de la maladie ; le médecin de Saint-Lazare affirma un matin que Mlle Rumigny était sauvée.

Mais, si le corps recouvrait des forces, l’âme restait brisée.

Lorsque Marguerite put se rendre compte de ce qui s’était passé depuis cette sinistre soirée où elle avait voulu mourir, lorsqu’elle se souvint — son premier cri avait été : Ma fille ! — de cette nuit terrible où l’épouvante lui avait enlevé la raison, elle tomba dans un si profond désespoir que ceux qui la visitaient se demandaient si la mort n’eût pas été pour elle une délivrance.

La malheureuse restait immobile et muette des journées entières, insensible aux douces paroles de la sœur, sa gardienne, qui lui offrait tous les secours de la religion.

On ne la voyait tressaillir que lorsque les cris des enfants — nous avons dit que sa cellule était dans la section des nourrices — venaient jusqu’à elle. Alors elle pleurait !