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— Mon Dieu ! qu’as-tu donc ? Comme tu es rouge. Serais-tu malade ?

— Je me porte fort bien, au contraire ; ce n’est pas de ma santé qu’il s’agit.

— De quoi donc ? demanda affectueusement la jeune fille.

M. Rumigny ne savait comment entamer l’entretien. Les regards si purs de son enfant, sa voix tendre, sa physionomie si tranquille, tout cela le paralysait.

Il eut un instant la bonne pensée de repousser les soupçons qu’avait éveillés en lui son neveu, et de trouver une défaite quelconque pour expliquer l’ordre qu’il avait donné à son domestique ; mais son caractère inquiet, égoïste et jaloux ne lui permit pas de suivre cette conduite plus digne, et, faisant alors comme les poltrons qui, par peur, se jettent au-devant du danger, il s’approcha de sa fille et lui dit d’un ton plein de menace :

— Alors tu te moques de moi ?

Stupéfaite de cette apostrophe, car elle ne se doutait de rien, elle ignorait même la visite de son cousin, Mlle Rumigny regarda son père avec autant de surprise que de frayeur. Elle ne savait que répondre.

— Oui, tu te moques de moi, reprit ironiquement le vieillard ; tu files le parfait amour avec