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oncle avait lancé ces quatre mots effraya M. Morin.

— Voyons, calmez-vous, lui dit-il ; le mal est peut-être moins grand que je le suppose. Marguerite n’en est probablement qu’à voir dans ce musicien un héros de roman qui a frappé son imagination. Éloignez-le de chez vous ; dans un mois elle n’y pensera plus. Que faites-vous donc ?

M. Rumigny venait de sonner.

— Je veux en avoir le cœur net, répondit-il sèchement ; je vais interroger ma fille.

— Pas devant moi, au moins ; je ne voudrais pas qu’elle pût penser que j’ai voulu lui causer un chagrin. Je n’ai qu’un but : vous rendre service à tous deux.

— Tu as raison, oui, va-t-en !

Son domestique entr’ouvrant en ce moment la porte de la salle à manger, il lui dit avec un calme relatif :

— Priez Mlle Marguerite de descendre.

M. Morin était déjà sorti ; M. Rumigny reprit sa promenade agitée.

Il ne l’interrompit qu’à la voix de sa fille, qui lui disait en entrant :

— Tu me fais demander, père ?

— Oui, dit le vieillard, en s’efforçant de rester maître de sa colère ; nous avons à causer.