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idée que je ne le quitterai jamais, que mon cœur n’appartient qu’a lui. Que dira-t-il lorsqu’il apprendra que j’en ai donné la meilleure part à un autre. J’ai peur !

— Peur ! ne suis-je pas là pour vous défendre ? Mais vous vous trompez ; M. Rumigny est un homme trop sage pour ne pas comprendre que, jeune et belle comme vous l’êtes, vous devez être adorée. S’il vous aime, il ne peut vouloir que votre bonheur, et il me témoigne assez d’affection et d’estime pour me pardonner un amour aussi profond, aussi respectueux que le mien.

— Mon père n’est pas un homme comme les autres hommes, mon ami. Sa tendresse pour moi est inquiète et jalouse ; il m’aime pour lui et non pour moi-même. Quant à son amitié pour vous, elle est toute d’égoïsme. Elle lui rapporte mille satisfactions selon ses goûts ; le jour où elle menacera de lui coûter quelque chose, sa fille surtout, il ne verra plus en vous qu’un ennemi.

— Ce n’est pas possible !

— Cela est ainsi, Robert ; je vous le répète : j’ai peur !

— Que faire alors ?

— Attendre !… ou ne plus m’aimer !

Balterini répondit à cette expression de douleur en élevant jusqu’à ses lèvres les mains de la jeune