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s’agit d’art, on m’écoute volontiers. Soyez sans inquiétude : dans un mois vous serez célèbre. Nous allons donc faire de la grande et bonne musique !

Le vieillard serrait les mains du jeune homme avec un air d’orgueil et de protection impossible à rendre.

— Tenez, poursuivit-il, sans permettre à l’Italien de placer un mot de remercîment, fraternisons de suite. J’ai là un instrument parfait, un Erard qui m’a bel et bien coûté mille écus, mais je ne les regrette pas ; il n’y a, voyez-vous, que ces pianos-là ! Jouez-moi quelque chose.

— Oh ! bien volontiers, fit Baltorini en s’asseyant au piano, que le vieux mélomane avait ouvert.

Et, après s’être assuré, par un prélude savant, qu’il avait bien sous les doigts un merveilleux instrument, l’étranger exécuta, en véritable virtuose, les plus jolis morceaux de la Serva padrona de Pergolèse.

— Encore, mon jeune ami, encore ! disait M. Rumigny au comble de la joie, car ce ravissant opéra du maître italien était justement une de ses passions.

Il avait pris son violon et accompagnait timidement l’élève d’Alberti.