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en l’arrêtant galamment au passage pour lui baiser la main.

— Tenez, Adolphe, dit avec fermeté Mlle Rumigny, comme si elle se fut armée de courage, je préfère être franche et vous épargner une seconde démarche qui serait inutile. J’ai répondu à mon père que je ne voulais pas me marier. Restons bons amis, mais je ne deviendrai jamais votre femme.

— Pourquoi ? interrogea imprudemment M. Morin.

— Je viens de vous le dire : parce que je désire ne pas me marier.

— Et parce que vous ne m’aimez pas ?

— Mon cousin !

— Parce que vous ne me trouvez ni assez jeune ni assez riche pour vous ?

Tout cela était dit d’un ton doucereux qui dissimulait mal combien le neveu de M. Rumigny était humilié de ce refus.

La vérité est que son cœur et son amour propre étaient également froissés.

Le jour où il s’était senti las de sa solitude et des amours faciles, c’est-à-dire quelques mois avant l’époque où nous nous trouvons, M. Morin avait daigné remarquer que Marguerite était jolie. De plus, il la savait l’héritiére d’une assez grande