Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sanglots : elle avait compris l’odieuse comédie que venait de jouer son père.

Ainsi, voilà ce qui était réservé à sa jeunesse, à sa beauté, aux aspirations de son cœur : la recherche d’un homme de près du triple de son âge, et dont les traits, le ton et la tournure prêtaient au ridicule.

Non-seulement M. Adolphe Morin approchait de la cinquantaine, mais il était loin d’être élégant et spirituel.

C’était un personnage compassé, à la physionomie hypocrite et doucereuse, physionomie qui masquait, disait-on, des passions ardentes et peu avouables.

Quoique dans une situation aisée, — on lui donnait une vingtaine de mille livres de rentes, — et bien qu’il n’eût aucunes charges, il était d’une économie exagérée. S’il ne s’était pas marié jusqu’alors, c’est qu’il avait toujours couru après une grosse dot.

Pour la première fois, peut-être, il était assez amoureux pour ne pas trop penser à l’argent. Aussi était-il prêt à épouser sa cousine, quoique son père ne lui donnât que cent mille francs.

M. Morin ne s’imaginait pas qu’il pût être repoussé ; il avait cru la veille aux promesses de M. Rumigny, et il doutait si peu de son succès