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— Eh bien ! mon cher père, vous pourrez répondre à M. Adolphe Morin que je suis très-flattée de sa demande, mais que je désire ne pas me marier encore, que je ne veux pas vous quitter, me séparer de vous, que je me trouve très-heureuse telle que je suis.

L’égoïste vieillard n’entendit pas que la voix de sa fille était remplie de larmes, et, rapprochant vivement sa chaise de la sienne, il lui dit en prenant sa main :

— Réfléchis bien, ma petite Marguerite ; je suis certainement très-touché de tes sentiments pour moi, mais je ne voudrais pas que tu te sacrifiasses pour ton vieux père. Adolphe est fort riche, bien posé ; il ferait, j’en suis sûr, un excellent mari. De plus, c’est un bon et brave garçon, que ton refus chagrinera beaucoup. Toutefois je ne veux pas te contraindre ! C’est égal, tu as peut-être tort. Enfin, tu es bien décidée ?

— Oh ! tout à fait !

— Alors, c’est entendu, je le lui dirai.

Et saisissant la tête de son enfant à deux mains, M. Rumigny couvrit son front de baisers, puis se sauva, dans la crainte de manifester trop clairement sa joie.

Mais Marguerite, aussitôt son départ, éclata en