Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les sœurs des prisons, ces dignes et saintes femmes dont la mission est si pénible, elles ne voient tout d’abord que des coupables dans les prisonnières confiées à leurs soins autant qu’à leur surveillance, et la réception qu’elles leur font s’en ressent un peu.

Mlle Rumigny allait l’éprouver cruellement.

— Vous êtes ici pour vol ? lui dit la sœur à laquelle le gardien l’avait livrée.

— Pour vol ! répéta la jeune mère en levant sur son interlocutrice ses yeux hagards ; pour vol !

La sœur prit cette réponse pour un aveu.

— Suivez-moi, lui dit-elle.

Marguerite obéit machinalement. Sa fille s’étant mise à crier, elle la berçait en marchant.

— Vous nourrissez votre enfant ? lui demanda la religieuse.

— Oui ! fit Mlle Rumigny en dégrafant son corsage.

— Tout à l’heure, lorsque vous serez en cellule. Si vous n’avez pas de lait, je vous en ferai chauffer.

Ces mots avaient été prononcés avec douceur et compassion.

Ce n’était déjà plus la gardienne qui parlait, mais la femme.