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tout qu’il reste beaucoup à faire au législateur.

On ne saurait croire quelles souffrances inutiles, morales et physiques, sont infligées au malheureux, innocent ou coupable, depuis le moment de son arrestation jusqu’à celui où ses juges le renvoient indemne ou condamné !

Cela, quels que soient les sentiments d’humanité des magistrats qui l’interrogent et des gardiens qui le surveillent.

Que le prévenu soit un homme du monde, une femme bien élevée, une jeune fille pure de certaines souillures, un ouvrier, un voleur, un assassin, surtout s’il n’a pas d’argent pour payer la pistole, c’est-à-dire l’isolement, les formalités préliminaires sont toujours les mêmes, à moins que, dans son malheur, il n’ait la bonne fortune de rencontrer un de ces fonctionnaires intelligents qui, tout en respectant la loi, savent adoucir les rigueurs des règlements.

Sans quoi, pour tous, c’est l’agent, souvent brutal ; c’est la Permanence, le Dépôt, le contact repoussant des êtres les plus dégradés ; c’est la promiscuité avec le vice et l’infamie.

Est-ce là de l’humanité ? Est-ce là de la justice ? Est-ce que pour chacun de ces individus l’humiliation est la même ? Est-ce que pour chacun d’eux la souffrance est égale ?