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plus reconnu la malheureuse que sa voix brève et menaçante avait fait trembler.

Ses traits n’exprimaient plus le désespoir mais une résolution soudaine. Elle avait rejeté en arrière ses admirables cheveux blonds, essuyé ses larmes et passé sa main sur son front, comme pour en chasser les pensées qui l’avaient fait rougir.

Puis elle se dirigea vers le petit secrétaire où le juge d’instruction avait trouvé les lettres de Balterini, et attirant à elle une feuille de papier, elle la couvrit rapidement de quelques lignes, qu’elle mit bien en évidence sur la table, en l’attachant au tapis avec une épingle afin qu’elle ne pût s’envoler.

Cela fait, elle écrivit une seconde lettre plus longue, qu’elle glissa sous une enveloppe, et cette lettre terminée, Marguerite retomba dans l’immobilité, la tête dans ses deux mains.

Le timbre de la pendule, en sonnant huit heures, la fit tressaillir.

— Il est trop tôt, dit-elle, avec un triste sourire.

La fillette venait de se réveiller ; elle la prit dans ses bras, lui donna à boire, et bientôt l’innocente créature se rendormait, bercé par le refrain que sa mère lui chantait à demi-voix.