dans cet hôtel qui est justement devant ta maison. Je prendrai une chambre sur la rue, au second étage, si c’est possible, c’est-à-dire en face de toi. De ma fenêtre, je te verrai et tu me feras le signe convenu dès qu’il sera l’heure. Ne crains rien, tu ne seras pas compromise. Je suis méconnaissable, tant je souffre depuis notre séparation. Ah ! que nul ne se dresse désormais entre nous deux, fût-ce ton père ! Tu es à moi, rien qu’à moi ; je défendrais mon trésor contre Dieu même ! À bientôt donc, chère adorée ; j’attends ta dépêche pour partir ! »
Cette lettre, ainsi que deux ou trois autres, n’était pas datée.
— Maintenant, je comprends tout, pensa M. de Fourmel, après avoir pesé chacun des mots de cette lettre. Balterini n’est pas parti pour l’Amérique, comme il en avait eu d’abord l’intention ; il est resté au Havre ou dans les environs. Le séjour de Mlle Rumigny à Paris n’était qu’une ruse pour faire croire à son éloignement, à lui ; mais, appelé par sa maîtresse, il est venu à Paris, s’est introduit dans la maison, s’y est rencontré avec M. Rumigny et sa complice, involontaire, c’est possible, mais sa complice, puisqu’elle seule a pu indiquer à son père le moyen d’arriver jus-