Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

supposer qu’il avait attendu au Havre une occasion favorable pour aller se mettre, à New-York ou à Philadelphie, à la disposition d’un impresario qui l’avait engagé comme chef d’orchestre.

L’état de grossesse de Marguerite n’avait pas permis de songer à lui faire exécuter ce long voyage. De plus, la jeune femme n’aurait jamais pu se décider à quitter la France sans avoir revu son père.

C’était pour être plus près de ce dernier qu’elle avait préféré attendre à Paris plutôt qu’au Havre le retour de Balterini.

Les lettres de cet Italien, qui permettaient à M. de Fourmel d’enchaîner tous ces faits, étaient pleines d’amour pour Marguerite et débordaient de haine contre M. Rumigny.

« Non, jamais, disait le musicien dans une de ces lettres, je ne pardonnerai à ton père d’avoir fait de nous deux parias, obligés de se cacher comme des criminels ; jamais surtout je ne lui pardonnerai de t’avoir sacrifiée, non pas seulement à son orgueil de bourgeois enrichi, mais à son amour moins paternel que tyrannique et jaloux. J’ai pu, par affection pour toi, dévorer la honte de ses insultes et me taire, mais que Dieu ne le remette pas sur ma route, car j’ignore