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Ses baux de teck, dans l’un desquels, à l’avant, passait le mât pour tomber dans son emplanture, servaient en même temps de bancs pour les rameurs, qui, lorsque nous étions à la voile, pouvaient se coucher sous un prélart formant, de l’étrave au pied du mât en s’étendant d’un bord à l’autre, une espèce de gaillard d’avant.

À l’arrière, sir John avait fait installer une tente sous laquelle nous pouvions nous abriter tous les deux. Le fond de l’embarcation avait été, dans l’étendue que couvrait notre tente, ponté avec quelques planches tapissées de nattes. Si nous n’avions pas là un bien splendide logement, au moins était-il à peu près habitable pour quelques jours.

Notre équipage, augmenté du domestique du commandant du Fire-Fly, se composait de six dhivaras malabars de la secte des Schoudras, commandés par un vieux patron chingulais, ancien pêcheur de perles ; mais la manœuvre qu’il avait faite pour sortir de Trinquemale, nous permettait de n’avoir qu’une médiocre confiance en lui. Aussi nous décidâmes-nous, au lieu de prendre la pleine mer, à longer les côtes, dont les moindres baies pourraient nous servir de refuge, en cas de danger sérieux.

Naturellement, sir John s’était nommé commandant en chef ; j’avais été élevé, moi, au grade de second. Quant au patron, il avait, lui, dégringolé au rôle de maître d’équipage, ce qui ne parut pas