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cieux que ces grands lacs cachés dans les bois, où les naïades doivent venir se baigner chaque soir ? Quelle étude peut mieux faire percevoir l’idée de Dieu que celle de cette nature primitive, si douée de toutes les richesses, de toutes les beautés ? quel plus admirable spectacle que la vue de tous ces hôtes des bois, gigantesques ou microscopiques, faibles ou forts, bons ou mauvais, gracieux ou hideux, vivant loin de la crainte des hommes avec les mœurs, les instincts que leur a donnés la nature ?

« Combien d’heures charmantes, pensais-je, on pourrait passer sous les poétiques ombrages de Doombera ! Des oiseaux au plumage de pourpre et d’or fendent l’air de leurs ailes rapides ; des poissons aux formes étranges, bizarres, inconnues, se jouent dans les eaux pures des lacs ; des insectes, qui semblent des pierres précieuses animées, brillent dans les mousses. Ici, le chevreuil bondit dans la vallée ; là, l’éléphant se baigne en faisant jaillir les flots autour de lui et, appelant son troupeau de son cri puissant, éveille le cerf qui fuit dans les feuillages, pendant que le serpent aux anneaux de feu glisse dans les lianes.

« La nuit vient avec ses parfums et ses ombres épaisses. L’oiseau regagne son nid au chant du bulbul qui prélude par des gammes chromatiques comme le grand artiste qui essaie son instrument ; le daim et le buffle descendent vers le fleuve pour y faire leurs ablutions, le paon ferme les yeux d’or de