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que faisait voler son cheval, l’intrépide et désespéré commandant du Fire-Fly.

Laissant prendre alors à ma monture une allure qui semblait, ainsi qu’à moi, lui convenir infiniment mieux que le galop, je me mis à descendre doucement la montagne en classant un peu dans ma tête tout ce qui m’était arrivé depuis quinze jours. J’avais encore à peu près pour une heure de jour ; c’était plus qu’il n’en fallait pour arriver en ville. Mon brave chien, heureux, lui aussi, d’être de retour, bondissait joyeusement autour de mon cheval, les fleurs commençaient à inonder l’air de leurs parfums ; les fire-flies[1] s’allumaient sur le bord de la route, tout enfin promettait une de ces charmantes et poétiques soirées comme en ont seules les régions tropicales.

Bercé par la tranquille et douce allure de ma monture, j’oubliai bientôt sir John et le Raimbow pour me laisser aller à mes rêves. Je pensai à la vie calme et paisible que l’on pouvait trouver dans quelque petit coin de cette île enchantée que je venais de parcourir, je songeai à l’existence heureuse et douce que semblaient offrir ces forêts impénétrables qui ornent les collines, ces retraites délicieuses et embaumées que je quittais.

« Quoi de plus admirable, en effet, me disais-je, que cette luxuriante végétation ? quoi de plus gra-

  1. Mouche de feu, espèce de ver luisant.