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Sir John venait de m’éveiller et nous faisions nos préparatifs pour nous remettre en route, lorsque l’occasion me fut offerte de juger de la rapidité d’exécution de la justice anglaise, qui, pour cette fois, je dois l’avouer, ne frappait pas tout à fait à faux.

Au milieu des soldats qui la traînaient devant l’adigar du lieu, se débattait une jeune femme à moitié nue et implorant le secours de la foule, parfaitement sourde à ses prières.

La malheureuse, obéissant à une barbare et hideuse coutume, encore en vigueur aujourd’hui dans certaines parties de l’île, avait étranglé son enfant parce que c’était une fille qu’elle avait mise au monde. Séance tenante, elle fut condamnée à être pendue. Selon sir John, c’était un absurde contre-sens, car en outre que sa mort ne rendait pas la vie à son enfant, elle la mettait évidemment, disait-il, dans l’impossibilité d’en avoir d’autres, et, par là, de racheter son crime. C’était assez juste.

Nous entendîmes la coupable passer à quelques pas de nous en poussant des cris de désespoir, mais comme toute intervention de notre part eût été complètement inutile, nous laissâmes agir tranquillement la justice de Sa Gracieuse Majesté, en nous empressant de quitter Nélandée.

Nous passâmes notre dernière nuit de voyage sous un bosquet de cocotiers entre Pontian et Candelly, et, le quatrième jour de notre départ, laissant sur