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pénétrer dans cette pagode. Nous dûmes, pour la visiter, laisser dans la cour d’enceinte nos chaussures, et nous livrer, dans un petit bassin fort présent à ma mémoire, à ces ablutions qui font peut-être le plus grand honneur aux idées religieuses des fidèles, mais qui ne donnent qu’une très-médiocre idée de leur propreté.

Inutile d’ajouter qu’autant que possible, nous ne fîmes que le simulacre de ces ablutions.

Nous ne devions pas être généreusement récompensés de nos concessions au Bouddhisme. Malgré toutes nos prières, les prêtres ne voulurent jamais nous laisser voir la fameuse relique. Il fallut nous contenter d’un fac-similé offert dans les cérémonies ordinaires à la vénération des indigènes. Il représentait une molaire qui me donna la plus haute opinion de la mâchoire du Dieu.

La vraie dent est religieusement conservée dans une boîte d’or incrustée de pierres précieuses, et enfermée elle-même dans quatre autres boîtes s’emboîtant les unes dans les autres, toutes également d’or et garnies de pierreries. Je n’ai jamais vu, quoique je connaisse la châsse de saint Carmery de Mozat, celle de saint Taurin d’Evreux et la fameuse cassette qui contient la chasuble de saint Regnobert à Caen, je n’ai jamais vu, dis-je, une relique aussi soigneusement gardée et aussi richement enchâssée que la dent de Bouddah. Saint Eloi, aidé de son fils Oculi, n’a rien fait d’aussi beau que ce reliquaire indien.