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long de la grande digue, nous suivîmes la rive, en nous cachant soigneusement derrière la levée de terre, jusqu’à la coupure qui avait livré passage à la redoutable phalange. Dès qu’ils nous sauraient à notre poste, les Indiens devaient monter sur la digue en poussant de grands cris, afin d’effrayer les éléphants qui, reprenant alors la direction des jungles, passeraient à portée de nos carabines.

Tout en marchant, souvent dans l’eau jusqu’à la ceinture, pour gagner l’endroit convenu, nous pûmes observer les éléphants qui, vraiment comme des écoliers en vacances, s’ébattaient dans l’étang en poussant des cris de joie. Nous remarquâmes une demi-douzaine de jeunes dont les mères semblaient avoir le plus grand soin. Elles jouaient en leur lançant de l’eau avec leurs trompes.

Non sans peine, car la levée de terre était en grande partie détruite, nous arrivâmes enfin à notre poste. Là, chacun de nous caché derrière un tronc d’arbre et la carabine armée, nous attendîmes qu’un de nos hommes eût averti les Indiens laissés à la digue qu’ils pouvaient chasser les éléphants de notre côté.

Dès qu’ils nous surent installés et prêts à faire feu, ils exécutèrent consciencieusement leur consigne. Des hurrahs impossibles à rendre troublèrent tout à coup le calme de la forêt.

Ce fut alors un curieux spectacle !

Les éléphants, d’abord moins effrayés que surpris