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d’une habitation. Nous trouverons bien là-bas des vivres, je meurs de faim !

— Pourquoi ? reprit le prêtre, parce que Brahma a laissé tomber tout le poids de sa colère sur le malheureux village qui, il y a quelques mois à peine, existait encore sous ces ombrages. L’épidémie a tout moissonné, les huttes sont détruites, les oiseaux et les insectes ont ravagé les rizières. Vous ne rencontrerez plus que des léopards et des serpents, là où vous croyez aller chercher la vie.

— Diable ! murmura Canon, des léopards, c’est parfait, mais des serpents ! — Et pas une ferme, pas une habitation aux environs ?

— Pardonnez-moi, interrompit notre matelot de Trinquemale, qui, comprenant la cause de notre embarras, s’était rapproché de nous. En suivant le cours de la rivière pendant un mille à peu près, nous allons trouver la plantation de Sonda Bohadoor qui recevra volontiers les étrangers.

— Le khulasee[1] a raison, reprit le prêtre en s’adressant à nous, car il ne pouvait répondre à un paria.

— Hurrah ! alors, pour la maison de Sonda Bohadoor, s’écria joyeusement Canon, et en route !

— Moi, je vous quitte ici, nous dit le vieil Hindou lorsqu’il nous vit prêts à continuer notre chemin ; à deux milles, je vais rejoindre la route de Bintame. Allez, et que Brahma vous protège !

  1. Matelot.