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pieds. Tout se transforme, tout renaît, tout s’éveille ! La brise elle-même, qui s’était endormie avant les premières lueurs de l’aurore, fait entendre ses murmures. Les cimes des géants des forêts frémissent sous ses premiers baisers. Le milan prend son vol, l’oiseau gazouille dans le feuillage, la gazelle et le léopard bondissent dans les jungles, la nature entière secoue sa torpeur. Puis, le soleil sort enfin de la mer et toutes les harmonies de la nature le saluent. Le bulbe entonne sa joyeuse chanson que la perdrix couvre de sa voix sonore, le paon offre aux premiers rayons la splendeur éblouissante de son plumage, l’aigle plane dans l’air. Il semble qu’on entend la voix de Dieu dire à tous ces mondes naguère dans les ténèbres : « Fiat lux ! »

Du sommet, duquel ma vue s’étendait sur ce panorama féerique et enchanteur, je pouvais suivre au loin, dans le nord, dans un horizon immense, le ruban argenté que déroule le Mohaville que nous avions remonté pour venir jusqu’à Candy. Je pouvais de nouveau le parcourir à travers les forêts, et la vieille ville des Singes[1] m’apparaissait avec les ruines de ses édifices bizarres comme une cité de la fable, comme un fantastique tableau du passé.

Quant au prêtre, il n’avait pas perdu un instant.

  1. Le Ramayana, le célèbre poème indien de Valmic, dit que Ceylan fut d’abord habité par des singes et des géants sous l’autorité de Ravana, géant de 2,000 coudées de haut, et ayant dix têtes et dix bras.