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feuillage, pour examiner le moindre recoin, pour se rendre compte d’une branche nouvellement rompue, d’un tronc d’arbre fraîchement déchiré, d’un gazon courbé par le passage récent d’un ours ou d’un cerf. Tout était pour lui matière à observation. Des empreintes à peine visibles dans la vase, de l’agitation d’une touffe de bambous, des rides d’un étang, des murmures plus précipités d’un torrent, du vol du plus petit oiseau, il tirait des déductions dont les faits venaient presque toujours prouver l’habileté.

Jamais, non plus, je n’ai vu plus de promptitude dans le coup-d’œil, plus de justesse dans le tir ; cela sans efforts, sans tension extraordinaire des muscles ou de la volonté. Son arme s’abaissait-elle vers un léopard, ou s’élevait-elle pour abattre une perdrix, la physionomie du tireur n’en changeait, pas pour cela. Seul, le résultat du coup obtenait un bon gros rire de satisfaction ou une grimace de mécontentement, et arme et visage reprenaient bien vite, l’une sa position horizontale dans les bras potelés de mon ami, l’autre sa toute britannique expression de flegme et de placidité.

Ne croyez pas pour cela, chers lecteurs, que le commandant du Fire-Fly fût un de ces êtres splénétiques et moroses que nous voyons parfois traverser le continent, enveloppés dans des vêtements de coupes impossibles, tristes échantillons des productions des rives de la Tamise. Loin de là ! sir John