Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/428

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’au dernier moment la pauvre folle qui se cramponnait à moi en se traînant sur le sable.

La mer montait lentement comme si elle eût voulu retarder encore notre supplice. La mousqueterie avait recommencé plus bruyant du côté du Fire-Fly, dont l’équipage devait faire une résistance désespérée et dont la mâture était toujours la proie des flammes.

Soudain, le contrebandier me serra le bras avec force en me faisant signe d’écouter comme lui. Je prêtai l’oreille, puis je poussai un cri de joie. De nombreux coups d’avirons, dont la régularité nous indiquait des embarcations européennes, se faisaient entendre à l’extrémité de la pointe.

Le Malabar, lui aussi, avait entendu et reconnu ce bruit malgré le fracas des lames, car un blasphème s’était échappé de ses lèvres.

Nos voix furent bientôt entendues des canots. L’un d’eux, quittant les autres, qui continuaient leur route vers le large en volant vers le Fire-Fly, auquel ils portaient secours, se dirigea de notre côté.

Ils étaient trop habilement monté pour donner sur les récifs que la marée, du reste, avait couverts en partie. Il n’y avait pas cinq minutes qu’il avait doublé la pointe, que nous entendions les voix de MM. Hope et Lauters, qui nous avaient reconnus, nous crier : « Courage, courage ! » et que nous distinguions nos deux amis animant leurs rameurs et manœuvrant pour accoster.

Le canot n’avait plus qu’un obstacle à franchir.