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dire l’extrémité sud de la rivière de Canton, pour donner, toutes voiles dehors, grâce à la fraîche brise que nous avions trouvée en sortant de Bocca-Tigris, dans le grand bassin extérieur du fleuve. Cinquante milles à peu près nous séparaient encore de Hong-Kong.

Si le commandant du Fire-Fly ne m’avait pas paru dans d’aussi tristes dispositions d’esprit, je lui eusse, sans aucun doute, fait part de l’inimaginable et triste reconnaissance que j’avais faite à bord du bateau mandarin ; mais, en outre que je devais me garder de raviver en lui les tristes souvenirs du passé, j’avais tout lieu d’espérer que le vengeur de la bayadère ne nous poursuivrait pas en dehors du fleuve, ou que, s’il s’y hasardait, nous aurions quitté Hong-Kong avant son arrivée. Nous n’avions rien autre chose à faire dans la colonie anglaise que d’y débarquer nos amis ; il était convenu que nous n’irions même pas mouiller sur la rade.

Nous employâmes toute notre après-midi à faire nos dispositions pour prendre la mer. Les embarcations furent embarquées, les dromes saisies, les panneaux condamnés, les voiles de rechange préparées. Grâce à la parfaite connaissance qu’avait sir John des courants du bassin extérieur, et à la brise que nous avions trouvée plus forte au fur et à mesure que nous nous étions éloignés de Bocca-Tigris, nous vînmes mouiller, avant la nuit, à deux ou trois milles de la rade de Victoria, sous la petit île Grenn, d’où nous pouvions facilement appareiller pour prendre le large.